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  • Dans la sacristie après la messe. (Photo: AED/ACN)
  • La discussion à Einsiedeln. (Photo: AED/ACN)
  • Mgr Bohdan Dzyurakh depuis février 2021 exarque apostolique pour l’Allemagne et la Scandinavie, avec siège à Munich à Einsiedeln.(Photo: AED/ACN)
  • L'Abbé Urban Federer du monastère d'Einsiedeln et Mgr Bohdan Dzyurakh en discussion. (Photo: AED/ACN)

La guerre de Poutine n’a pas fait éclater l’Ukraine, plus unie que jamais

«En Ukraine, depuis l’agression russe du 24 février 2022, des centaines de villes et de villages ont été réduits à l’état de ruines, comme la ville de Marioupol, qui n’existe pratiquement plus et où les occupants ont utilisé des crématoriums mobiles pour brûler les corps de milliers de victimes et ainsi faire disparaître les traces de leurs crimes», lance l’évêque gréco-catholique ukrainien Bohdan Dzyurakh.

Jacques Berset, pour ACN

«En Ukraine, depuis l’agression russe du 24 février 2022, des centaines de villes et de villages ont été réduits à l’état de ruines, comme la ville de Marioupol, qui n’existe pratiquement plus et où les occupants ont utilisé des crématoriums mobiles pour brûler les corps de milliers de victimes et ainsi faire disparaître les traces de leurs crimes», lance l’évêque gréco-catholique ukrainien Bohdan Dzyurakh.

Le jeune évêque, un religieux rédemptoriste né en 1967 dans l’oblast (région) de Lviv, en Ukraine occidentale, était l’invité de l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en Détresse ACN», qui avait organisé, le dimanche 15 mai 2022, son traditionnel pèlerinage à Notre-Dame des Ermites à Einsiedeln.

Mgr Dzyurakh, secrétaire du synode des évêques de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne et évêque auxiliaire de Kiev et de Galicie pendant 15 ans, a été nommé par le pape François, en février 2021, exarque apostolique pour l’Allemagne et la Scandinavie, avec siège à Munich.

Lors de son passage à Einsiedeln, l’évêque a remercié le peuple suisse pour son généreux accueil des réfugiés ukrainiens et ACN pour son soutien aux institutions ecclésiales en Ukraine qui hébergent les déplacés, qui fuient par millions les zones de combats, principalement dans les régions de l’est et du sud de l’Ukraine.

Vague sans précédents de réfugiés

La guerre, qui dure effectivement depuis 2014, avait déjà provoqué une grande vague de réfugiés, soit bien plus d’un million et demi, déplacés tant du côté ukrainien (plus d’un million) que du côté russe. La guerre qui a débuté le 24 février a causé un exode massif de 10 millions de personnes, dont 6 millions de déplacés internes et 4 millions de réfugiés à l’étranger. C’est le nombre de réfugiés le plus important en Europe depuis la Deuxième Guerre Mondiale !

Le Patriarche Cyrille justifie la guerre avec des arguments théologiques

Avant la guerre, sur 200'000 Ukrainiens vivant en Allemagne, son Eglise comptait 70'000 fidèles. En 2 mois, depuis l’invasion russe, 600'000 autres, essentiellement des femmes et des enfants, ont trouvé refuge dans ce pays. Ce sont essentiellement des personnes de religion orthodoxe, ou des personnes sans confession, avec un arrière-fond orthodoxe.

En Ukraine, regroupée principalement dans la partie occidentale, près de 10% de la population se déclare gréco-catholique, soit 4,5 millions de croyants, tandis qu’en diaspora vivent en temps normal entre 1,5 à 1,7 million de fidèles. Ils sont répartis, à l’exception de l’Afrique, dans diverses éparchies (diocèses), avant tout en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, ainsi qu’en Australie.  

Dans la diaspora, nombre d’orthodoxes cherchent une Eglise «ukrainienne», évitant de fréquenter une Eglise orthodoxe «russe» où l’on mentionne durant la liturgie le nom du Patriarche Cyrille de Moscou, lui qui a justifié la guerre contre l’Ukraine avec des arguments théologiques.

Les orthodoxes ukrainiens unanimes pour condamner l’agression

Rappelons cependant que le métropolite Onuphre, primat de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, rattachée au Patriarcat de Moscou, dans un «Message aux fidèles et aux citoyens d’Ukraine, le 24 février déjà, dès le début de l’agression russe, a exprimé son soutien aux soldats ukrainiens «défendant notre terre et notre peuple». Il a directement interpellé le président Poutine et lui a demandé instamment de mettre fin immédiatement à cette «guerre fratricide». Le chef de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine a souligné que la guerre entre les deux peuples est «une répétition du péché de Caïn qui a tué son propre frère par envie».

«Au niveau des simples fidèles, nombreux sont ceux qui quittent cette Eglise, car le Patriarche de Moscou ne condamne pas l’agression russe, qui a commencé déjà en 2014 dans le Donbass, mais au contraire la justifie théologiquement et s’aligne sur les arguments de Poutine», déplore l’évêque Dzyurakh.

Poutine a cherché à jouer sur les différences

Concernant les réelles différences de mentalités et de culture des communautés peuplant l’Ukraine, l’exarque apostolique pour l’Allemagne et la Scandinavie affirme que face à l’agression russe, les Ukrainiens sont plus que jamais unis. Alors qu’en 1991, 92% des Ukrainiens s’étaient prononcés pour l’indépendance (de ce qui fut l’URSS), «depuis le 24 février, la proportion est encore plus grande !», précise-t-il. 

Dès 2004, lors des élections, des politiciens ont cherché à diviser la population sur des critères de langues, de mentalités ou de confessions, voire de régions. Cette tactique date de bien avant la sécession du Donbass en 2014. «En principe les différences sont normales, sans que cela ne doive nécessairement devenir de l’inimitié, voire de l’hostilité ou un danger pour l’intégrité du pays ! Mais ceux qui voulaient diviser le pays ont aiguisé ces différences», assure Mgr Dzyurakh.

70% des soldats de l’armée ukrainienne parlent russe

Poutine a effectivement misé sur ces différences pour diviser le pays et soutenir les séparatistes du Donbass, en leur livrant des armes et en envoyant clandestinement des hommes depuis la Russie.

Cependant, relève Mgr Dzyurakh, 70% des soldats de l’armée ukrainienne parlent russe. En effet, poursuit-il, pendant des siècles, nombre d’Ukrainiens ont été russifiés de force, notamment avec la conquête de l’Ukraine par les Russes. Et de relever que c’est la tsarine Catherine II qui a détruit la «République des cosaques» à la fin du XVIIIe siècle. 

La guerre n’a pas de fondements religieux