Nigeria : Massacre de la Pentecôte

« C’est le dimanche de Pentecôte, un moment où chaque catholique est censé être à l’église pour commémorer la solennité. Il est si triste de dire que, pendant la Sainte Messe, des hommes d’origine inconnue, armés de fusils, ont attaqué l’Église catholique Saint-François-Xavier », a déclaré le père Augustine Ikwu, directeur des communications du diocèse d’Ondo, dans une déclaration envoyée à l’Aide à l’Église en Détresse. « On craint de nombreux morts, de nombreux blessés et la violation de l’église », a-t-il ajouté. « L’identité des auteurs reste inconnue et la situation a laissé la communauté dévastée », a ajouté le prêtre catholique. « Tous les prêtres de la paroisse sont sains et saufs et aucun n’a été kidnappé », affirme le prêtre, dissipant les rumeurs en ce sens qui circulaient sur les médias sociaux. « L’évêque nous demande de rester calmes, de respecter la loi et de prier pour que la paix et la normalité reviennent dans notre communauté, notre État et notre pays », conclut le communiqué.

L’Occident complice
«L’Aide à l’Église en Détresse (ACN)» dénonce un nouvel acte terroriste au Nigeria, un de plus sur la longue liste des crimes contre les chrétiens. Au cours des dernières décennies, le pays a été secoué par des épisodes de violence, de banditisme et d’enlèvements qui, bien que touchant tous les groupes ethniques et religieux de la nation, ont conduit à une longue liste d’attaques majeures contre la communauté chrétienne.

La semaine dernière, «l’Aide à l’Église en Détresse (ACN)» a organisé une conférence de presse avec l’archevêque de Kaduna, Matthew Man-Oso Ndagoso, afin de parler de l’insécurité et de la violence au Nigeria. Bien que les problèmes viennent de diverses directions, l’archevêque Matthew a été très clair : « Le gouvernement nous a complètement laissé tomber ; c’est l’absence de bon gouvernement qui en est la cause. Les bandits, Boko Haram, les enlèvements, ce sont tous des symptômes de l’injustice, de la corruption du système. Si nous ne parvenons pas à nous attaquer à la racine du problème, nous mènerons une bataille perdue d’avance.»

Le massacre a eu lieu dans le sud-ouest du Nigeria, un endroit qui n’a pas été touché jusqu’à présent par l’insécurité et la violence qui affectent généralement le nord. Selon Mgr Ndagoso, si le problème est surtout interne, l’Occident est également à blâmer. « Il faut être deux pour danser le tango. Nos dirigeants volent notre argent et l’emmènent en Occident, en Suisse, à Paris, à Londres, à Francfort. Si l’Occident n’acceptait pas leur argent, ils le laisseraient chez eux. Les gouvernements occidentaux collaborent avec nos dirigeants. »

Message vidéo du Nigeria
Dans son message vidéo, le prêtre nigérian Monseigneur le professeur Obiora Ike, qui a souvent visité la Suisse à l'invitation de «l'Aide à l'Église en détresse (AED)» et qui s'engage pour le dialogue islamo-chrétien, prend position sur l'incident. Il dénonce la violence globale de l'EI et des djihadistes peuls qui s'en prennent à des vies humaines innocentes. "Quatre-vingts sont morts, plus de 200 sont à l'hôpital, l'église est détruite. Le sang coule comme de l'eau sur le sol. C'est le signe que les droits humains fondamentaux ne sont pas respectés", déclare Monseigneur Ike. Mais quelle est la cause de cette terreur ? "La raison est simple", explique l'ecclésiastique nigérian, "le Nigeria est un pays avec une population chrétienne croissante. Mais cela conduit à un conflit. Les musulmans djihadistes radicaux (pas tous les musulmans) ne veulent pas accepter cela et commettent des attentats contre des institutions chrétiennes". Cet incident s'inscrit dans une longue série d'incidents - les violences contre les chrétiens sont récurrentes au Nigeria. Selon Ike, l'attentat du dimanche de Pentecôte, le jour où l'Eglise fête son anniversaire, a également touché un couple qui s'était marié samedi - l'homme et la femme seraient morts, les familles, les enfants - tous morts. Pendant ce temps, le président et son équipe, bien qu'au courant de l'attentat, auraient organisé une fête dans le bâtiment du gouvernement au lieu d'assurer la sécurité dans le pays. "Nous avons besoin d'aide, les gens doivent être au courant, nous avons besoin de soutien et nous devons rétablir la paix entre les religions au Nigeria, elle a toujours été là. Nous devons l'approfondir".

«L’Aide à l’Église en Détresse (ACN)» appelle tous les dirigeants politiques et religieux du monde à condamner fermement et sans équivoque cette attaque terroriste à l’église catholique Saint-François-Xavier d’Owo, dans l’État d’Ondo (sud-ouest du Nigeria), pendant les célébrations du dimanche de la Pentecôte 2022.

«L'Aide à l'Église en Détresse (ACN)» s'engage en faveur des chrétiens persécutés et soutient de nombreux projets au Nigeria.