Le pèlerinage d’«Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)» à Einsiedeln sous les couleurs de l’Ukraine

Jacques Berset, pour «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»
Devant des fidèles silencieux, l’évêque auxiliaire gréco-catholique de Lviv, qui a présidé la messe pontificale dans un allemand parfait – il a fait son doctorat en dogmatique à l’Université d'Innsbruck – a exprimé sa reconnaissance pour la solidarité du peuple suisse et pour l’aide apportée par ACN dès le début des hostilités.
19'000 enfants ukrainiens déportés en Russie
La cérémonie, animée musicalement par les jeunes réfugiés ukrainiens du chœur Prostir, sous la baguette du chef Oleksii Yatsiuk, de Kharkiv, a notamment permis, au moment d’allumer quatre «bougies de l’espérance», d’évoquer le sort des quelque 19'000 enfants ukrainiens «déportés en Russie sous couvert de mensonges».
Les intentions de prière ont également évoqué le sort du Père Hans-Joachim Lohre, qui était l’an dernier l’hôte d’ACN en Suisse, et qui a été enlevé le 20 novembre 2022 au Mali et qui est toujours porté disparu, ainsi que la situation des femmes et des filles enlevées au Pakistan pour des mariages forcés avec des islamistes.
Une guerre «contre notre culture»
Après la messe, les participants ont été invités à suivre les drapeaux ukrainiens pavoisant le chemin menant au centre culturel et de congrès ZWEI RABEN où près de 500 personnes ont suivi les exposés sur le thème «15 mois de guerre en Ukraine: conséquences pour l’Europe, la Suisse et l’Eglise» mis sur pied par ACN.
La table ronde a vu la participation de Mgr Hruza, d’Ernst Fuchs, chapelain du pèlerinage à Nicolas de Flüe, de Magda Kaczmarek, chargée des programmes d’ACN pour l'Ukraine, ainsi que celle du député cantonal lucernois Urban Frye et de l'étudiante ukrainienne Marta Yaniv, qui a apporté le souffle d’espérance de la jeunesse ukrainienne, solidaire dans la défense de son pays agressé.
Mgr Hruza a rappelé qu’en ces temps de guerre, les Ukrainiens vivent au jour le jour, sans grands plans, «car les bombes peuvent nous détruire à tout moment». Il a souligné que cette guerre était «contre notre culture, car les Ukrainiens veulent vivre dans la dignité et la liberté… Et ils ont le droit de se défendre !» Le religieux rédemptoriste a aussi relevé qu’au-delà des soins à apporter aux blessures physiques de la population, il y a des blessures plus difficiles à soigner, plus profondes, «ce sont les blessures intérieures… L’Eglise se doit d’être présente auprès des survivants, des familles, lors des enterrements». Il a aussi relevé que les familles peuvent se briser, les femmes et les enfants étant à l’extérieur et les hommes au front.
Le député vert Urban Frye, sans doute le parrain le plus connu des réfugiés ukrainiens à Lucerne et initiateur du centre de rencontre ukrainien Prostir, a promis de se rendre en famille à Kharkiv, ville où s’est rendu en février dernier. Il a lui aussi estimé, malgré des convictions pacifistes, que les Ukrainiens avaient le droit de se défendre avec des armes contre leur agresseur. Les participants ont pu voir des icônes peintes sur des caisses de munitions abandonnées sur le champ de bataille réalisées par les artistes ukrainiens Oleksandr Klymenko et Sonia Atlantova. Mgr Hruza a invité à cette occasion le pape François à se rendre à Kiev. A la fin de la table-ronde, l’aumônier Ernst Fuchs a offert à Mgr Hruza une statuette de saint Nicolas de Flüe, saint patron de la Suisse et apôtre mondial de la paix.
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