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  • De gauche à droite : Père Chatelain Milongo (CssP), Père Jude (CssP) et Maxime François-Marsal (ACN-Section Afrique). Les missionnaires spiritains ont joué un rôle déterminant dans l'évangélisation du Congo. Image : Aide à l'Église en Détresse (ACN)
  • Le vicaire général Ulrich Mikouoh Nzeuh, le catéchiste Jean et quelques personnes de Zoulabouth. Image:Aide à l'Église en Détresse (ACN)
  • Un homme en prière. Un participant congolais - le chemin de croix. Image: Aide à l'Église en Détresse (ACN)
  • Sur le chemin d'Impfondo, la voiture est tombée en panne au milieu du trajet et le chauffeur a passé plusieurs heures à la réparer. L'évêque porte une chemise blanche. Il est habitué à ce genre d'accident, car il se rend souvent d'Impfondo à Ouesso ou Brazzaville. Photo : Aide à l'Église en détresse (ACN)

Congo-Brazzaville : l'église oubliée

En décembre dernier, Maxime François-Marsal, responsable des projets de ACN dans les pays francophones d’Afrique centrale, a effectué un voyage au Congo-Brazzaville, également connu sous le nom de République du Congo, un pays bordé, entre autres, par l’Angola, le Cameroun et la République démocratique du Congo. Dans l’entretien qui suit, il évoque la situation de l’Église congolaise et la contribution de la fondation Aid to the Church in Need (ACN) à son développement.

Le Congo-Brazzaville n'est pas très présent dans l'actualité.Comment décririez-vous le pays ?

On parle en effet peu du pays - et on le confond souvent avec la République démocratique du Congo voisine, qui est beaucoup plus grande et dont les médias parlent beaucoup plus. Le Congo-Brazzaville s'étend sur une superficie de 342.000 km² et compte une population d'environ 6 millions d'habitants. Malgré ses ressources minières et ses exportations de bois et de pétrole au niveau national, le pays est confronté à une grande pauvreté, non seulement financière, mais aussi morale. Le Congo-Brazzaville a connu une histoire tumultueuse qui a fortement marqué ses habitants. À la fin des années 1970, une terrible guerre y a fait rage. Cette guerre a porté au pouvoir en 1979 l'actuel président Denis Nguesso, un homme de l'armée. En 1997, une nouvelle guerre civile a éclaté entre les forces fidèles à Nguesso et les partisans de Pascal Lissouba, qui avait été élu président de la République en 1992. Suite à cette guerre, Lissouba a dû s'exiler. La population a été durement touchée, des milliers de personnes ont perdu la vie ou ont été déplacées. Depuis, Denis Nguesso est au pouvoir et les gens vivent au jour le jour : Ils essaient simplement de survivre et de trouver un peu de paix.

Quelle est la situation de l'Église aujourd'hui ?

L'Église exerce ses activités dans le pays avec une certaine liberté, mais cela n'a pas toujours été le cas. Le pays a obtenu son indépendance de la domination coloniale française en 1960. Ensuite, en 1970, est venue l'époque du socialisme, avec des conséquences terribles pour l'Église. Sous ce régime, le gouvernement a nationalisé du jour au lendemain les écoles catholiques et a limité les activités religieuses et la participation de l'Église aux affaires publiques. Jusqu'en 1991, le drapeau du pays était rouge, avec le marteau et la faucille comme symboles nationaux. Depuis, l'Église a regagné une partie du terrain perdu, mais elle a encore un long chemin à parcourir. Dans d'autres pays comme le Cameroun, par exemple, l'Église gère 50 % des écoles, alors qu'au Congo, ce n'est le cas que pour environ 10 % des écoles. La population est catholique à 47 %, protestante à 48 % et musulmane à 1,5 %, et un petit pourcentage appartient à des religions africaines traditionnelles.

L'une des victimes de cette période a été le cardinal Emile Bianyenda.Dans quelle mesure est-il encore présent dans la vie des fidèles aujourd'hui ?

C'est une personnalité très appréciée parce que c'était un homme qui cherchait la paix. Même les non-catholiques le respectent et l'admirent. Il a été assassiné en 1977, au début de la guerre civile. En l'espace d'une semaine, trois personnalités importantes du pays ont été assassinées : le président de l'époque Marien Ngouabi, le cardinal Biayenda et l'ancien président Alphonse Massamba-Débat, qui a été exécuté. Le cardinal a toujours appelé à "rester calme et à faire confiance à Dieu". Malgré le danger croissant, il a refusé de quitter le pays et a déclaré : "Je donnerai volontiers ma vie pour le Christ". Tristement, il a été abattu quelques heures plus tard. Son procès en béatification est actuellement en cours.

Quels sont les défis auxquels l'Église du Congo-Brazzaville est confrontée ?

Il y a peu de vocations religieuses féminines et la multiplication des sectes protestantes est inquiétante. La pauvreté entraîne un grand désespoir parmi la population et la lutte pour la survie est extrêmement dure. Je pense néanmoins que l'Église du Congo-Brazzaville est remplie de personnes merveilleuses et de prêtres extraordinaires. Ils ont besoin de nous, car nous pouvons leur donner de l'espoir et les aider à faire prospérer leurs communautés.

Qu’aimeriez-vous retenir de votre voyage ? 

L’un des moments les plus émouvants a eu lieu dans la ville d’Impfondo, quand nous avons dû nous arrêter pour demander de l’eau, parce que le radiateur de notre voiture est tombé en panne. Là, au milieu de la route, nous avons rencontré une famille d’autochtones congolais vivant dans la forêt (parfois appelés « pygmées », terme très péjoratif au Congo). Beaucoup d’entre eux connaissent une grande pauvreté et n’ont pas accès à l’éducation. Peu d’entre eux adhèrent à la foi catholique, parce qu’ils n’acceptent pas facilement la nouveauté. Nous avons vu un enfant autochtone qui s’est mis à pleurer quand il nous a vus. Et quand nous lui avons demandé pourquoi, il a répondu qu’il n’avait jamais vu une personne blanche auparavant, car ils ont rarement des contacts avec des étrangers. Cependant, j’ai été impressionné parce que, malgré tout, lorsque nous avons rencontré cette famille et que nous leur avons demandé de l’eau, non seulement ils nous l’ont donnée, mais ils nous ont également reçus très gentiment et ont voulu nous montrer leur maison. Il s’agit de petites maisons, faites de branchages et de feuilles. Ce sont des gens très pauvres et pourtant ils vous offrent tout ce qu’ils ont.

Comment ACN aide-t-elle l’Église à accomplir son travail dans un pays aussi difficile ?

ACN a soutenu de nombreux projets : la formation des séminaristes, l’achat de véhicules, des projets éducatifs, des maisons pour les prêtres... Au cours de notre visite au séminaire de Brazzaville, où nous avons célébré la messe, j’ai été impressionné par l’attitude admirable des formateurs, qui mettent tout leur cœur à former de bons prêtres. De plus, lors de la visite de l’orphelinat Sainte Marie Véronique à Owando, nous avons été chaleureusement accueillis par les filles et les religieuses, qui nous ont salués en chantant, manifestant ainsi leur joie de nous voir. Dans cet orphelinat, nous avons récemment financé l’achat d’une voiture. Nous avons beaucoup de projets de ce genre au Congo-Brazzaville, parce que les véhicules sont indispensables du fait que les distances sont très longues et que les routes sont en très mauvais état, souvent même inondées.

Au milieu des difficultés et des défis auxquels l’Église est confrontée au Congo-Brazzaville, pensez-vous qu’il y ait des raisons de garder espoir ?

Il est vrai que les gens sont très pauvres et se sentent désespérés et impuissants, mais ils gardent la foi. Malgré toutes les difficultés, ils travaillent sans relâche dans des conditions extrêmes, persévérant dans leur mission. Récemment, de nouveaux évêques ont été nommés avec une attitude très positive et tournée vers l’avenir. Comme nous l’ont dit les sœurs à l’orphelinat, la devise de l’Église peut se résumer ainsi : « continuer de lutter pour la bonne cause et la bonne mission ». Alors oui, il y a de l’espoir.  

Aid to the Church in Need a financé plus de 200 projets depuis 2017 pour la formation de plus de 1.700 séminaristes, en plus des offrandes de messe, du matériel catéchétique et des maisons paroissiales, contribuant ainsi à la mission de l’Église au Congo-Brazzaville. En outre, la fondation a soutenu le financement de projets de construction et de transport pour renforcer le travail pastoral.