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  • Magda Kaczmarek (en pull-over rouge) lors du voyage de projet en Ukraine en avril 2022 (Photo: «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»)
  • Photo de Magda Kaczmarek lors du voyage de projet en Ukraine en avril 2022 (Photo : «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»)
  • Photo de Magda Kaczmarek lors du voyage de projet en Ukraine en avril 2022 (Photo : «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»)
  • Magda Kaczmarek lors du voyage de projet en Ukraine en avril 2022 (Photo : «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»)
  • Magda Kaczmarek ( la 2ème sur la gauche) pendant le voyage de projet en Ukraine en avril 2022 (Photo : «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»)
  • Magda Kaczmarek lors du voyage de projet en Ukraine en avril 2022 (Photo : «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»)
  • Photo de Magda Kaczmarek lors du voyage de projet en Ukraine en avril 2022 (Photo : «Aide à l’Eglise en Détresse (ACN)»)

Les expériences de Magda Kaczmarek depuis la zone de guerre

Peu avant Pâques, ACN a visité plusieurs endroits dans l'ouest de l'Ukraine. Magda Kaczmarek, responsable de projets pour l'Ukraine au siège international de l'organisation pontificale à Königstein im Taunus, en Allemagne, a participé à ce voyage. Depuis le début de la guerre, l’aide à l’Ukraine est au cœur des activités de l’œuvre internationale de bienfaisance catholique ACN. Depuis 1953, la fondation soutient des projets en Ukraine. Ce fut d'abord pendant la période de persécution communiste, puis pendant les années de reconstruction après la chute de l'Union soviétique. Ce soutien indéfectible est encore plus fort dans la situation actuelle. Depuis le début de la guerre, ACN a organisé plusieurs programmes d’aides. L'entretien a été mené par Volker Niggewöhner.

ACN : Huit semaines après le début de l’invasion russe en Ukraine, les combats se poursuivent dans l’est et le sud du pays. Quelles sont les conséquences pour la population ?
Magda Kaczmarek : À l’heure actuelle, l’Ukraine vit actuellement le plus grand chemin de croix de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. La pression pour fuir le pays augmente ; les gens sont terrifiés et ne se sentent plus en sécurité. Telle est la tragédie qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux. Nous sommes allés en Ukraine occidentale durant la Semaine sainte. Nous y avons rencontré un grand nombre de personnes qui ont trouvé refuge dans les institutions de l’Église. Dans la plupart des cas, il s’agissait de mères avec leurs enfants et de personnes plus âgées. C’est une immense catastrophe humanitaire, une souffrance indicible que doivent endurer ces personnes.

Où ce voyage en Ukraine vous a-t-il menés ?
Nous sommes d’abord arrivés dans l’archidiocèse de Lviv, près de la frontière polonaise. Là, nous avons pu nous rendre dans quelques paroisses qui ont accueilli des réfugiés. Nous avons également visité le grand séminaire et la communauté religieuse des Basiliens, qui ont ouvert leurs portes aux personnes déplacées, ainsi que de nombreuses communautés religieuses de femmes. Nous avons également rendu visite à l’archevêque à Ivano-Frankivsk : là aussi, le grand séminaire s’est transformé en lieu d’accueil pour de nombreux réfugiés. L’archéparchie gréco-catholique ukrainienne d’Ivano-Frankivsk mène un projet particulièrement impressionnant : elle a ouvert son propre hôpital où sont soignés les blessés. Son personnel comprend des médecins et du personnel médical qui ont été contraints de fuir les régions orientales du pays. Cela leur donne des possibilités d'emploi. Il est très important que ces personnes ne quittent pas l'Ukraine et c'est l'un des objectifs que l'Église s'efforce d'atteindre.

Quelles ont été vos impressions lors de vos rencontres avec les réfugiés ?

C’était une expérience très émouvante. Nous avons rencontré des réfugiés qui ne pouvaient que pleurer, il n'y avait rien d'autre à faire que de les serrer dans nos bras. Mais il y avait aussi des réfugiés qui s’enfermaient dans un mutisme complet. Nous avons rencontré un jeune homme qui devait avoir environ trente ans : depuis le début de la guerre, il n’a plus prononcé un seul mot. Je me souviens aussi d’un petit enfant qui n’a rien eu à manger pendant les deux jours de sa fuite. Beaucoup de gens avaient des yeux totalement vitreux, des visages pétrifiés. Ils étaient incapables de comprendre ce qui se passait autour d’eux. Nous avons rencontré des réfugiés qui venaient juste d’arriver de Kramatorsk, en Ukraine orientale, là où la gare a été bombardée le 8 avril. Totalement paniqués, les gens sont montés dans les trains et sont partis précipitamment sans connaître leur destination. Ils ne savaient absolument pas où ils arriveraient, ni ce qui les attendait.

Quel est l'état d'esprit des réfugiés ? Veulent-ils rester en Ukraine ? Comment voient-ils leur avenir ?

La tendance actuelle montre que les personnes arrivant en Ukraine occidentale, en particulier les femmes avec leurs enfants et les grands-mères, y restent. Elles veulent absolument retourner auprès de leurs maris, de leurs pères et de leurs fils en Ukraine orientale. Elles ne savent pas si et quand cela sera possible. Très souvent, leurs maisons ont été détruites par les bombes, elles ont tout perdu. Nous nous sommes entretenus avec l’une de ces familles : après le déclenchement du conflit en 2014 dans l'est de l'Ukraine et en Crimée, ils ont perdu leur maison à Donetsk. Ils ont maintenant perdu leur maison à Kharkiv et doivent repartir de zéro en Ukraine occidentale. Mais cette famille aussi veut rester en Ukraine. Pour bon nombre de ces personnes, il n’y a aucune autre option.

Malgré le passé communiste, la religion joue un rôle important en Ukraine. Cela s'est-il manifesté dans cette situation de crise ?

Parmi les réfugiés venus d’Ukraine orientale, beaucoup ne sont pas baptisés ou ne sont pas des chrétiens pratiquants. À présent, dans les centres d’accueil pour les réfugiés gérés par l’Église, ceux-ci entrent pour la première fois en contact avec une Église vivante. Lors de nos nombreux entretiens, nous avons appris que les gens sont extrêmement reconnaissants à l’égard de l’Église qui les accueille. Ils ressentent la proximité de Dieu dans ces lieux. Nous avons rencontré des gens qui n’avaient jamais mis le pied dans une église, et qui maintenant prient ensemble, notamment le chapelet. Bien sûr, l'Église catholique ne prête pas attention à la confession et accueille tous ceux qui viennent demander de l'aide.

Lors de votre voyage en Ukraine, vous avez également eu l’occasion de vous entretenir avec le primat de l’Église grecque-catholique en Ukraine, Sa Béatitude l’archevêque majeur Sviatoslav Shevchuk. Quel était son message ?

Il a surtout dit : « Aidez-nous ! Car 50% de notre économie est déjà perdu. » L’archevêque majeur lance un appel pressant afin que des denrées alimentaires et des produits ne soient pas seulement transportés en Ukraine depuis l’étranger, mais qu’ils soient également produits sur place partout où cela est encore possible. Tel est le message de l’Église : nous devons apporter aux gens l’espoir, des conseils et de la force. Il est très important, en particulier maintenant, que les gens retrouvent espoir.

Quelles sont les autres aides promises par Aid to the Church in Need ?

Nous avons déjà versé une première enveloppe d’aide de CHF 1,3 million pour soutenir le travail de l’Église en période de guerre. Nous continuons cependant de recevoir des demandes de projets et notre aide va donc augmenter. En Ukraine, la charge actuellement la plus importante pour les institutions ecclésiastiques réside dans les frais de fonctionnement : électricité, eau, chauffage, etc. Au sens propre du terme, les Églises ont ouvert leurs portes à tous. L’Évangile y est véritablement vécu. Mais cela représente un défi financier. Des véhicules de transport sont également nécessaires de toute urgence. Dans de nombreux cas, l'aide humanitaire doit être transportée sur de longues distances, sur des routes en très mauvais état ou détruites. L’Eglise gère très bien ces opérations. Dans ce domaine aussi, nous comptons renforcer notre aide.

Pèlerinage à Einsiedeln
Vous avez la possibilité de rencontrer personnellement Magda Kaczmarek. Elle parlera de ses expériences depuis la zone de guerre lors du pèlerinage de "L'Aide à l'Église en détresse (AED)" à Einsiedeln le dimanche 15 mai 2022. Elle participera à la table ronde sur le thème "Immense souffrance en Ukraine : quelles conséquences pour l'Église ? Les autres invités sont : L'évêque Bohdan Dzyurakh d'Ukraine, exarque (gouverneur du patriarche) de l'Église gréco-catholique en Allemagne et en Scandinavie, qui sera également le célébrant principal de la messe pontificale de 12h30, et l'abbé Urban Federer du couvent d'Einsiedeln. Le modérateur sera Stefan Kube, directeur de l'institut RGOW.